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In Memoriam – Laurent Capelle (1958-2023)

A l’homme, au médecin, au grand-frère neurochirurgien, à l’ami

Evoquer la mémoire de Laurent, quelques jours seulement après sa disparition prématurée, c’est d’abord dire l’état de sidération dans lequel nous sommes tous plongés face au caractère soudain de son départ le 4 juin 2023. Il était trop jeune, il était âgé de 64 ans.Laurent avait fait ses classes à l’hôpital Bicêtre avec son ami de toujours, Michel Zerah, et avait gardé une soif de neurochirurgie pédiatrique, comme en atteste sa thèse de médecine qui portait sur les tumeurs intramédullaires chez l’enfant et l’adolescent. C’est à la Pitié-Salpêtrière qu’il s’épanouira in fine, même si sa grande curiosité intellectuelle le poussera à continuer à s’enrichir en partant ponctuellement exercer dans d’autres centres, en particulier à l’hôpital Foch. Il était en effet à la recherche perpétuelle d’expériences nouvelles, refusant la facilité, le confort, remettant toujours “l’ouvrage sur le métier”. Autodidacte, grâce à un raisonnement holistique, complexe, unique, il était capable d’entrevoir la lumière avant autrui et de proposer des solutions originales en conséquence. Il a ainsi été précurseur dans plusieurs domaines, le plus marquant étant sans nul doute celui de la chirurgie neurooncologique.

Laurent avait fait ses classes à l’hôpital Bicêtre avec son ami de toujours, Michel Zerah, et avait gardé une soif de neurochirurgie pédiatrique, comme en atteste sa thèse de médecine qui portait sur les tumeurs intramédullaires chez l’enfant et l’adolescent. C’est à la Pitié-Salpêtrière qu’il s’épanouira in fine, même si sa grande curiosité intellectuelle le poussera à continuer à s’enrichir en partant ponctuellement exercer dans d’autres centres, en particulier à l’hôpital Foch. Il était en effet à la recherche perpétuelle d’expériences nouvelles, refusant la facilité, le confort, remettant toujours “l’ouvrage sur le métier”. Autodidacte, grâce à un raisonnement holistique, complexe, unique, il était capable d’entrevoir la lumière avant autrui et de proposer des solutions originales en conséquence. Il a ainsi été précurseur dans plusieurs domaines, le plus marquant étant sans nul doute celui de la chirurgie neurooncologique.

J’ai eu la chance extraordinaire de rencontrer Laurent quand il commençait les premières interventions pour exérèse de gliomes, notamment de bas grade, et ce dès le début des années 1990, à savoir une voire deux décennies avant même qu’une telle stratégie ne devienne un véritable standard. C’est sa vision avant-gardiste et sa passion profonde qui m’ont guidé vers la grande aventure de la chirurgie éveillée. Sans son aide de chaque instant, son soutien sans faille, sa bienveillance et sa générosité, rien n’aurait été possible, y compris la genèse du Réseau d'Etude des Gliomes. Il a ainsi créé, avec sa simplicité légendaire, “sans se prendre au sérieux” comme il aimait le répéter, une véritable Ecole, à l’origine des premiers pas de nombreux élèves tels que Denys Fontaine, Emmanuel Mandonnet ou Johan Pallud - pour n’en citer que quelques uns. Laurent était Professeur dans l’âme, avec un amour absolu d’enseignement, de transmission de savoir, de compagnonnage. Etre à ses côtés faisait grandir et s’améliorer, presque malgré soi.

Fuyant les honneurs et la reconnaissance, Laurent préférait s’investir sans relâche dans l’accompagnement de ses patients, les relations humaines jouant un rôle majeur, bien au-delà des simples considérations techniques. L’acte opératoire était critique mais non suffisant. Comme ses elèves, ses patients l’aimaient. Il savait leur redonner confiance en eux et leur permettre d’envisager l’avenir plus sereinement malgré une pathologie souvent grave. Sa disponibilité était sans fin, forçant l’admiration et le respect.

Sa grande humilité et sa culture ubiquitaire le conduisait à entretenir des relations privilégiées avec ses confrères de tous horizons, aussi bien chirurgiens et médecins de spécialités diverses qu’orthophonistes, neuropsychologues, statisticiens ou chercheurs. Il se plaisait à susciter des débats pluridisciplinaires bien souvent passionnés afin d’explorer les multiples facettes d’un problème, y compris celles qui le cas échéant n’auraient pas été envisagées sans son éclairage unique. Les discussions avec Laurent étaient sans limite, tant d’un point de vue conceptuel, méthodologique, philosophique qu’émotionnel, sans fard, dans une recherche d’idéal qui le caractérisait.

Il ne s’avouait jamais vaincu. Même s’il pouvait lui arriver de tomber, il se relevait toujours, ne serait-ce que pour montrer l’exemple. Son audace et sa pugnacité combinées à une remise en question et une autocritique hors norme faisaient de Laurent un personnage charismatique et attachant, balançant en permanence entre le versant visionnaire et le doute, en somme un honnête Homme selon Montaigne.

Laurent, rendons hommage à ton apport incommensurable à la neurochirurgie, à la neurooncologie, à tes élèves, à tes patients, à tous ceux qui ont eu l’honneur rare de connaître ton esprit libre: tu resteras à jamais une source d’inspiration et un modèle d’intégrité qui nourrira notre quête d’Excellence chère à ton coeur.

Hugues Duffau


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