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Hommage au Pr. Bernard George pour la SFN
Bernard George nous a quittés le jeudi 16 septembre à Toulouse où il résidait depuis sa retraite avec sa compagne Michèle.
Bernard George était un grand monsieur, une des grandes figures de la neurochirurgie mondiale. La neurochirurgie était son sacerdoce, avec tous les sacrifices que cela impose. Il incarnait la chirurgie de la base du crâne en France. Il en fut l’un des principaux artisans.
Dès ses débuts d’interne dans le service du Dr Patrick Derome à l’hôpital Foch, il fit preuve, avec son co-interne le chirurgien vasculaire le Dr Claude Laurian, d’une audace extraordinaire en réalisant une première opération sur l’artère vertébrale, intervention appelée à devenir la fameuse voie antérolatérale de Bernard George. Beaucoup d’entre nous pratiquent la chirurgie, mais très peu ont l’instinct d’inventer et de créer de nouvelles techniques, comme ce fut son cas. Il en résultat deux ouvrages de référence sur la chirurgie de l’artère vertébrale.
Il s’est ensuite lancé à la conquête des régions les plus complexes de la base du crâne comme le foramen jugulaire pour en faire un environnement connu et maitrisé. Il fallait du génie et de la passion pour y parvenir. C’est ce qui fait de lui un des grands pionniers de la neurochirurgie mondiale, marquant l’histoire de notre discipline.
Nommé professeur des universités en 1988, il dirigea le service de Neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière de 1997 à 2014. L’hôpital Lariboisière était son fief et « Larib » est devenu, grâce à lui, un diminutif qui résonne fortement dans la communauté neurochirurgicale aux quatre coins du monde.
Il impressionnait par son charisme et sa parole toujours aiguisée. Son regard était clair et perçant ; son sourire et son rire, qu’il ne bradait pas, étaient lumineux.
Il a vécu la Neurochirurgie avec une passion communicative, embarquant dans l’aventure tant de neurochirurgiens à travers le monde. Ses élèves, passés par « Larib » pour apprendre la base du crâne ont essaimé sur tous les continents. Les observateurs venus le voir exceller au bloc opératoire sont innombrables. Ceux qui ont travaillé à ses côtés ont été marqués à jamais par sa personnalité et son engagement sans faille pour ses malades.
A Lariboisière, il était tout autant un homme de fer, intransigeant parfois, qu’un homme chaleureux dont on se sentait proche, disponible pour tous. Son humilité était étonnante, contrastant singulièrement avec l’admiration et le respect qu’on lui portait partout dans le monde pour ses réalisations.
Il a été récompensé au cours de sa carrière par les plus grands honneurs de notre discipline avec en 2008, à Stockholm, la médaille Herbert Olivecrona, « le Nobel de la Neurochirurgie » et la médaille Vilhem Magnus en 2012, toutes deux remises annuellement aux plus grands noms de la neurochirurgie mondiale et devenant ainsi le premier neurochirurgien Français à recevoir de tels honneurs.
Il fut le Fer de lance du combat mené pour traiter les chordomes en France et dans le monde. Il a sauvé, accompagné et soutenu tant de patients et leurs familles, parfois venus du monde entier bénéficier de son expertise. Ayant fait lui-même l’expérience de la chirurgie en tant que patient, il n’aimait pas le mot « Bénéficier » et il s’insurgeait contre cet élément de langage : « Le patient ne bénéficie pas, il subit, ne l’oubliez pas ». Par ses mots, il nous incitait à l’humilité, la prudence, et un certain recul sur ce que nous sommes en tant que chirurgiens.
Il a toujours fait le choix de ce qui était le mieux pour ses malades. Lorsque les techniques de Neuroradiologie interventionnelle firent leur apparition, malgré son goût pour la neurochirurgie vasculaire, il fut l’un des premiers à promouvoir ces nouvelles techniques localement et à assumer son choix au-delà de Lariboisière, considérant qu’il en allait de l’intérêt des patients. Il fit de même avec l’endoscopie endonasale et fut l’un des premiers à promouvoir et pousser ses élèves dans cette voie pour, devenir à travers eux, à nouveau et encore, un pionnier. Il se réjouissait de leurs réussites.
Au moment de sa retraite en 2014, après avoir transmis son savoir-faire et sa conception de ce que devait être un service de Neurochirurgie à ses élèves, il leur a fait confiance tout en restant toujours disponible et à l’écoute avec une extrême bienveillance, apportant par petites touches son aide et ses conseils.
Il luttait de manière acharnée depuis 17 ans contre le cancer, défiant tous les pronostics. A force de volonté, il sut rester lui-même jusqu’au bout, nous offrant une ultime leçon de courage.
Nous partageons la douleur et la tristesse de sa famille.
Sébastien Froelich
Emmanuel Mandonnet
Au nom des membres actuels et anciens du service de Neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière et des membres de la Société Française de Neurochirurgie.
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